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JUMELAGE MARCKOLSHEIM - LE BUGUE


Le Rappel des Faits par Michèle Cibert


1er septembre 1939


Tôt le matin, la Pologne est envahie par les troupes allemandes.

La France décrète alors la mobilisation générale et l’état de siège.

Le Ministre de la Défense ordonne l’évacuation de la zone potentielle des combats ;


L’évacuation

  • annoncée par : 

    • affichage, haut-parleurs, radio,

    • par le tocsin dans les campagnes,

  • doit être effectuée « immédiatement et sans délai ».


3 septembre au soir


L’évacuation est terminée.

432 000 alsaciens ont été déplacés.

A Strasbourg, il ne reste plus que 3000 civils.


80 000 de ces alsaciens sont partis pour la Dordogne, 12 000 d’entre eux resteront à Périgueux, ce qui à l’époque représente environ la moitié de la population de la ville.


A 17 heures, la France déclare la guerre à l’Allemagne.


A MARCKOLSHEIM


1er septembre 17 heures


L’appariteur dans son rôle d’annonceur public parcourt la ville et ameute les habitants au son de sa cloche.

Les Marckolsheimois se rendent alors à la mairie pour prendre connaissance des instructions officielles qui y sont affichées :

  • gagner Ribeauvillé, ville distante d’une vingtaine de kms, par ses propres moyens : automobiles, voitures à cheval, bicyclette…

  • 30 kg de bagages maximum et 4 jours de vivre.


Familles et voisins ont pris en charge ceux qui n’avaient pas de moyens de transport .


Les enfants qui ne comprennent pas ce qui se passe emportent leurs petits trésors….


Arrivée au centre d’accueil tard dans la soirée, jusque passé minuit .


Le départ


Ceux des Marckolsheimois qui ont des parents dans les Vallées vosgiennes y restent, les autres prennent la route pour la Dordogne.


Dans la ville de Marckolsheim elle-même, reste un comité de sauvegarde chargé de surveiller les biens privés et publics. Ce comité quitte la ville quelques jours avant l’attaque allemande.


Les propriétaires d’automobile et leur famille partent en convoi.


Les autres laissent les charrettes dans le parc, les chevaux sont réquisitionnés par l’armée. Après 3 nuits, ils partent en train, train uniquement constitué de wagons à bestiaux.


L’itinéraire emprunté n’est pas le plus court chemin : vallée du Rhône, Carcassonne, Bordeaux , avant d’arriver en Dordogne

Les possesseurs d’automobiles se scindent en 2 groupes :


Le premier convoi emmène :

  • Le maire, son épouse et une partie des archives de la commune

  • Le responsable de la Caisse d’Epargne, son épouse, le dossier et les registres de la Caisse d’Epargne

  • Les objets de valeur de la poste.

Arrivée au Bugue : vers 20 heures après 7 jours de route.


Le deuxième convoi

  • Reste quelques jours de plus à Ribeauvillé.

  • Les conducteurs

    • emmènent les familles au Bonhomme (col des Vosges reliant Colmar à St Dié )

    • retournent à Marckolsheim récupérer d’autres papiers à la mairie mais tombent sur un barrage, doivent retourner chercher un laisser passer à la préfecture de Colmar avant d’y parvenir.


  • Les familles récupérées, ils prennent enfin la route.

  • Le convoi est attaqué à Dijon par des personnes mal intentionnées qui sont mises en fuite par les hommes du groupe.

  • Pour obtenir du carburant, les conducteurs doivent se rendre à la mairie de Dijon pour obtenir des bons spécifiques.

  • A Limoges, le pont arrière d’une des voitures surchargée par les archives municipales casse…

  • Ils arrivent enfin au Bugue, se rendent à la mairie et découvrent que malgré tous ces avatars, ils sont les premiers !

  • La mairie du Bugue met à leur disposition un bureau dans lequel ils placent les archives de Marckolsheim.


Les derniers arrivés


  • Simon LEVY chargé de mettre en lieu sûr des documents . Leur trajet a duré 8 jours au milieu d’un flot d’autres réfugiés, de la débâcle militaire, sous la mitraille d’avions italiens.

  • Les Haessler, monsieur Haessler ayant en charge les pigeons militaires chargés de porter des messages en cas de nécessité.


L’installation


  • A leur descente du train les réfugiés sont reçus dans une grande salle où on leur offre un repas puis ils sont répartis dans des fermes des communes environnantes pour ceux qui ne sont pas logés au Bugue.

  • Les conditions de logement sont très variables : hôtels mais parfois aussi poulaillers qu’il faut vider de leurs volailles et qu’il faut nettoyer.

  • Les premiers évacués ont un pénible souvenir des premières journées passées à attendre sur la place du marché que les habitants veuillent bien les loger . Des habitants qui ne sont pas préparés à accueillir une population aussi nombreuse, une population dont la plus grande partie des hommes valides et des forces de travail sont mobilisées et luttent contre « l’allemand ».

  • L’intervention du préfet de Dordogne qui annonce une indemnisation pour les lits offerts aux réfugiés débloque la situation





Le séjour au Bugue


Dans la réalité 2 populations très différentes sont contraintes à vivre ensemble

  • Difficulté majeure : la langue :


    • Les Alsaciens parlent un dialecte germanique.

    • Les Périgourdins parlent un patois occitan.

    • En français, les accents des uns et des autres rendent la compréhension mutuelle très difficile.

    • Les documents officiels souvent contresignés par un interprète l’attestent.


  • Les conditions de vie quotidienne également très différentes : chauffage, électricité, approvisionnement en eau encore souvent au puits.


  • L’hiver 1939-1940 est très rude ce qui met au centre des préoccupations le chauffage.


  • Néanmoins, le conseil municipal de Marckolsheim se réunit 4 fois, en avril, juin, août

et septembre. Sont présents seulement 3 conseillers sur 13.


  • Tout le monde cherche tout le monde : le percepteur, les banques, les mobilisés, les malades hospitalisés…


  • La pénurie alimentaire entraîne des tensions entre réfugiés et Buguois. Les réfugiés accusent certains commerçants de favoriser leurs compatriotes, les Buguois accusent les Alsaciens de stocker des provisions en prévision de leur retour….


Le retour à Marckolsheim


Pendant ce temps, les troupes nazies sont passées à l’offensive le 10 mai 1940 :


  • le 14 juin, les Allemands sont à Paris


  • le 15 juin 1940 à 9 heures, la rive gauche du Rhin et Markolsheim sont pris sous un déluge de feu. Le soir, la ville n’est plus qu’un immense brasier.



  • A la fin des combats, ceux qui avaient échappé à l’évacuation rentrent dans une ville dévastée.


  • le 22 juin l’armistice est signé à Rethondes. Juridiquement l’Alsace reste française mais le processus d’annexion commence.



  • 11 octobre 1940 : date officielle de la fin de l’évacuation. A leur retour les réfugiés trouvent une ville complètement détruite :

    • 180 maisons, 548 granges sont détruites,

    • l’église, l’hôpital, l’école des garçons, une maison à colombage datant de 1599, le pavillon de chasse des cardinaux de Rohan sont irrémédiablement endommagés.

    • Les pancartes affichées dans les lieux de transit sont écrites en allemand.


  • Les Allemands accueillent les réfugiés en grande pompe.


  • les familles peuvent se présenter et recevoir gratuitement du matériel pour remettre en état le village.


De cette période ô combien difficile perdurent les immenses efforts de solidarité et d’organisation effectués par les 2 communautés buguoise et marckolsheimoise .

La raison d’être du jumelage est précisément de continuer à en témoigner.


Michèle Cibert





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