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LA RAISON D’ÊTRE DU JUMELAGE
LE BUGUE / MARCKOLSHEIM

Quitter son Alsace, sa maison, tous ses repères, et se retrouver dans le Périgord Noir encore très rural des années 40 ne fut certes pas une excursion touristique pour les 80 000 Alsaciens condamnés à l’exode en Dordogne le 1er septembre 1939, jour de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne. D’autant que leur séjour ne dura pas une semaine mais bien une année, jusqu’en octobre 1940, date de leur retour dans le champ de ruines qu’était devenu entre temps leur village, Marckolsheim, situé pour son malheur au cœur de la zone des combats.
Cet afflux de concitoyens qui ne parlaient pas la même langue – ici on parlait occitan tandis que ces Français-là parlaient alsacien – ne fut pas non plus facile à vivre pour la population locale, réduite aux rationnements de la guerre.
Mais avec le temps et le bon sens paysan, la confiance et le soutien prirent le dessus. Si bien que les liens tissés alors sont encore entretenus, un demi-siècle plus tard, avec amitié et fierté, grâce à un jumelage qui s’efforce de poursuivre son précieux travail de mémoire.



PAULETTE ET VIRGINIE

Paulette Faure, épouse Bousquet, née le 31 août 1935 dans le hameau de Vergnolle à Campagne, avait 4 ans en 1939. Elle se souvient de l’arrivée de la famille Schmitt : le père, Virgile, la mère, Louise, et leurs deux enfants, Virginie, 19 ans et Romain, 17 ans. Elle se souvient tout particulièrement de la fille, Virginie, étudiante en pharmacie déracinée mais battante, qui faisait dans la région du Bugue le tour des réfugiés à vélo pour leur apporter médicaments et réconfort.
« Elle me gâtait Virginie, elle m’avait prise sous son aile ! » se souvient Paulette qui à 76 ans rayonne de gentillesse et de simplicité.
Le père et le fils avaient pour leur part trouvé du travail dans la mine de kaolin toute proche, sur la route des Eyzies. La mère Louise s’occupait du foyer, installé dans la petite maison mise à leur disposition dans le hameau par des fermiers voisins.
Ils ont partagé une année durant la même vie simple, avec le lavoir et les bêtes, les moutons, les vaches, les volailles. La vie paysanne, au rythme des saisons.
Tout est resté intact, 67 ans plus tard et Paulette a toujours son bon sourire qui vous dit bienvenue dès qu’on arrive. Elle nous a raconté cette belle histoire et nous a permis de filmer son petit morceau de Périgord en tout point identique à la vision qu’en ont eu les réfugiés alsaciens à l’époque. Un coin de paradis périgordin que vous découvrirez en regardant le reportage.

UN JUMELAGE POUR NE PAS PERDRE LA MÉMOIRE

Le jumelage entre Le Bugue et Marckolsheim établi le 3 mai 1986 par les maires Gérard Fayolle et Léon Siegel a permis aux réfugiés alsaciens de retrouver les familles du Périgord qui les avaient accueillis alors. Les liens se sont renoués et des voyages alternés, ici et là-bas, se sont succédés depuis 20 ans. Aujourd’hui le jumelage se traduit par des échanges entre collégiens des deux villages, afin de perpétuer le souvenir de ces temps difficiles et des leçons de solidarité concrète qu’il laisse à l’humanité.

La venue au mois de mai 2007 d’un groupe d’adolescents de Marckolsheim de 11 à 13 ans, hébergés par des familles du Bugue, a permis de raviver les souvenirs et de faire comprendre cette page d’histoire aux générations nouvelles.
Paulette Bousquet est venue témoigner, ils ne sont plus très nombreux à pouvoir le faire, de ces temps difficiles où malgré tout naquit l’amitié, lors d’une conférence organisée le 23 mai 2007 au collège Leroi-Gourhan du Bugue.
Conférence au cours de laquelle Madame Michèle Cibert, ancienne directrice de l’école primaire du Bugue, a présenté un rappel des faits d’une grand clarté qu’elle a bien voulu nous confier afin que le lecteur puisse resituer très précisément le contexte historique, ce dont nous la remercions.

« C’est grâce à ces leçons de l’Histoire que nous pouvons faire le projet d’une Europe et d’un monde en paix » a conclu Monsieur Gérard Campos, proviseur du collège du Bugue, soucieux de transmettre du savoir mais aussi du savoir vivre aux adultes de demain.

Sophie Cattoire

Nous remercions Dorothée Neubrand et sa mère Claudine Ober, conseillère municipale de Marckolsheim, pour nous avoir confié les photographies prises par Virginie Schmitt lors de l’exode de sa famille en Périgord de septembre 1939 à octobre 1940. Nous remercions Virginie Schmitt, épouse Lacombe, pour ces magnifiques documents d’histoire et nous remercions Paulette Faure, épouse Bousquet, pour l’accueil chaleureux qu’elle nous a réservé et pour son précieux témoignage.

Bibliographie :

« Marckolsheim, un siècle d’histoire » collection Mémoires de Vies
« Fragments d’Histoire » de Michel Knittel

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