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PRÉHISTO PARC DE TURSAC :
LA MAISON DE POUPÉES DES PALÉONTOLOGUES

On ne connait de la Préhistoire que ce qui a bien voulu ressortir du sol, par hasard ou à l’issue de fouilles délibérées. Sur les os, on colle des noms, des étiquettes, suivant l’endroit, le découvreur et l’air du temps. Ainsi depuis 150 ans, on avance tout doucement, en reculant vers nos origines. Des querelles virulentes éclatent parfois : celui-ci est un singe, celui-là un homme, celui-ci une brute, celui-là un savant… Il y a vingt ans, pour calmer les esprits et aborder les choses simplement, une femme, bien déterminée à protéger les témoignages d’époques révolues – elle a sauvé de l’abandon la grotte du Chien nichée dans le Puy-de-Dôme, qui recèle les derniers témoignages des éruptions de ce volcan en sommeil depuis 12 000 ans – et un anthropologue, familier des hommes fossiles du Périgord pour en avoir tâté des quantités –et pourtant ils sont rares– ont eu l’idée ensemble de repeupler un vallon, resté là, au creux de la roche, immuable, plongé dans un clair-obscur rassurant et mystérieux tout à la fois. C’est ainsi que naissait le Préhisto Parc de Tursac qui a fêté cette année ses vingt ans, sous les yeux attendris de ses concepteurs : Madame Huguette Girard et le Professeur Heim, paléoanthropologue du Muséum National d’Histoire Naturelle. L’occasion d’en rappeler la genèse et les objectifs : transmettre et évoluer, comme les données scientifiques, constamment.



Les choses furent simples il y a vingt ans : puisque des squelettes de "Néandertaliens" et de "Cro Magnons" avaient été retrouvés non loin du Parc, il s’agissait de les faire réapparaître tels qu’ils avaient vécu ici. Sur la base des connaissances morphologiques et comportementales acquises concernant les hommes préhistoriques, mademoiselle Monique Luyton, artiste spécialisée dans ce type de reconstitution, eut pour mission de créer des moulages pour redonner corps aux squelettes et vie au vallon. Une vie au plus près de la nature, faite de cueillette, de chasse et de pêche et de causeries au coin du feu. Une vie que certains de nos contemporains recherchent aujourd’hui, saturés du moderne progrès.

En marge des musées et des sites ornés, le Préhisto Parc offrit ainsi une autre approche de ce que furent nos vies avant. Le calme de l’endroit, son côté clos, son circuit bouclé à l’abri des rochers permettent de se promener sur les traces de nos origines, parmi les nôtres, tout bonnement. Au-delà des découpages, des étiquettes aux prononciations bizarres : erectus, néandertal, homo sapiens, cro magnon, et de l’obsession de déterminer les liens de parenté– s’agit-il de nos ancêtres directs ou de cousins éloignés ?– le professeur Heim et madame Girard nous donnent à voir dans ce parc l’unité de l’humanité. Une seule humanité avec des adaptations permanentes, un long continuum dont on ne sait ni le début ni la fin. Peut-être découvrirons-nous bientôt l’aspect vain de ces étiquettes instituant des frontières toutes relatives….

Pour ses vingt ans le Préhisto Parc a accueilli un flot d’humains heureux de se balader sur ses sentiers ombragés, non pas vêtus de peaux de bêtes mais en blazers, soutane, jeans ou robes de soirée. Une seule humanité avec des costumes qui ne cessent de changer mais toujours le même plaisir de fréquenter ce lieu secret et accueillant, jusqu’à présent.

Sophie Cattoire

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