UN VAISSEAU AU PIED DE LA FALAISE
Délicatesse et force ont prévalu à l’élaboration du projet architectural de ce Centre
d’Accueil de la Préhistoire. Faire émerger l’essentiel avait comme toujours
été la démarche première de
l’architecte Raphaël Voinchet, fondateur du cabinet
W-Architectures (Raphaël Voinchet & Architectes Associés) à Toulouse :
« Le site est de grande qualité. Il convient de ne pas le bousculer mais simplement
de l'habiter. L’idée qui a fondé notre proposition est la suivante : offrir l’image
d’un bâtiment vivant et novateur, allant au-delà du contexte, mettant en scène la
falaise comme préambule à l’univers de la préhistoire. Et plus confidentiellement,
offrir l’image d’un bâtiment où l’on circule comme l’eau le long de la parcelle.
Le bâtiment s’attache donc à composer avec la pente et le dénivelé qui caractérisent
le lieu. Il s’attache également à composer avec la singularité du site : une parcelle
boisée située en bordure du cours d’eau de la Beune. »
Force est de constater que l’architecte et toute son équipe s’y sont magistralement
tenus, donnant vie à un ensemble cohérent à la fois puissant et discret.
Situé, comme un abri sous roche naturel, au pied de la falaise,
il flotte au dessus de la Beune, tel le « ruban de lumière » que l'architecte l'avait dessiné.
UN ESPACE POUR UNE ESPÈCE, LA NÔTRE
Sur les murs, des écrans lèvent le voile sur les trésors de la Vallée de la Vézère.
Une concentration incroyable de sites porteurs des traces de notre vie préhistorique.
Et ce voile levé nous donne des ailes – comme celles des anges à l’entrée
– pour aller sur place en savourer l’exacte beauté. Voilà, c’est un sas qui nous
donne les clefs et toutes les informations nécessaires pour nous approprier notre
propre histoire.
Voyez plutôt, je dirais même, voyagez plutôt : au bout de la grande avenue nimbée
de lumière où la longue histoire de la vallée vous est contée, un escalier vous
entraîne vers un chantier de fouilles archéologiques reconstitué au dessous. À sa
suite des laboratoires d’études palynologiques, lithiques et anthropologiques
vous apprendront la manière dont les chercheurs font parler les pollens, les outils
et les squelettes du passé, comme autant de témoins éclairés. Au dessus, au calme,
une grande médiathèque numérisée forte de 36 000 références documentaires sur la
préhistoire vous attend dans un cyberespace empli de livres, de DVD et d’ordinateurs
dédiés.
Or, tous ces trésors de savoir dûment sélectionnés par l’équipe historique du P.I.P.
sont en libre accès. Département, État, Région et Europe réinventent ici la notion
même de service public. Les fonds publics financent l’opération qui nous est du
coup bel et bien destinée.
Et, cerise sur le gâteau, ou plutôt confiture de violette sur jambon braisé, en
cuisine c’est le chef Eric Boyard qui ouvre son « Mag-Da », enseigne déjà très réputée
au temps des chasseurs de rennes. Fin connaisseur des victuailles les plus saines
du Périgord, il concocte depuis des années des mets épatants de naturel et de subtilité
(voir son banquet carolingien inoubliable) et tiendra ici une cafeteria de choix,
avec terrasse à l’abri du monde, côté falaise.
Sophie Cattoire
LE CENTRE D’ACCUEIL DE LA PRÉHISTOIRE AUX EYZIES
Infos et chiffres clefs :
BUDGET : 12,3 M€
Europe (fonds européen de développement régional) : 3,1 M€
État, ministère de la Culture et de la Communication : 1,8 M€
Région Aquitaine : 3 M€
Département de la Dordogne (maître d’ouvrage) : 4,4 M€
QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE :
Plusieurs objectifs de qualité environnementale ont été intégrés à la construction,
comme la place donnée à la lumière naturelle ou l’isolation renforcée. Le point
le plus important est le système de chauffage, avec une chaufferie bois, complétée
par une pompe à chaleur réversible eau/air. La distribution est prévue au moyen
de 1 500 m2 de planchers chauffants et de centrales de traitement d’air dotées de
récupérateurs de chaleurs. La chaufferie est à l’extérieur, des calorifuges spéciaux
passent sous la route et sous la passerelle d’accès pour alimenter le bâtiment.
Il faut rappeler qu’avec le soutien du Conseil Général (maître d’ouvrage du Centre
d’Accueil de la Préhistoire), la Dordogne est devenue un département pilote dans la réalisation de
chaufferies bois énergie pour les équipements collectifs. Une quarantaine d'entre elles sont en
fonctionnement ou en cours de réalisation.
CHERCHEURS ET SCIENTIFIQUES PARTENAIRES DU PROJET :
Clef de la compréhension de la « Vallée de l'Homme » et de la découverte de
ses sites préhistoriques, le Centre d’Accueil de la Préhistoire a élaboré les contenus de ses différents
espaces, avec la caution d’un réseau dense de partenaires :
- le Service de l’Archéologie Départementale (SAD, créé dès 1984 par le Conseil
Général de la Dordogne)
- le Musée National de la Préhistoire, également aux Eyzies-de-Tayac,
- le Service Régional de l’Archéologie (DRAC Aquitaine),
- le Centre National de Préhistoire (CNP) à Périgueux,
- l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP, Bordeaux),
- l’Université Bordeaux 1 / PACEA qui a une antenne permanente aux Eyzies-de-Tayac,
- le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), au travers de l’abri Pataud.
Tous sont associés, à des degrés divers, aux activités et aux programmations culturelles
du Pôle International de la Préhistoire et, pour la plupart d’entre eux, constituent
également le pôle mixte de recherches créé sur le site du Château de Campagne, à
quelques kilomètres des Eyzies.
36 000 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
Dès 1997, la Bibliothèque Départementale de Prêt (BDP) et la Direction Régionale
des Affaires Culturelles (DRAC) initiaient un catalogue de ressources en préhistoire,
riche aujourd’hui de plus de 36 000 références, confiées par les bibliothèques locales
et les centres de documentation spécialisés en région.
Avec ces partenaires et la Banque numérique du savoir d’Aquitaine (BnsA), le Pôle
International de la Préhistoire a multiplié les valorisations de cette ressource.
Ce travail considérable est accessible sur le site www.pole-prehistoire.com
dans la rubrique Documentation et par conséquent également
dans la médiathèque du Centre d’Accueil de
la Préhistoire où par ailleurs toutes sortes de documents (livres, revues, audiovisuels
et multimédia) peuvent être consultés par les visiteurs.
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