HISTORIQUE DE LA DÉCOUVERTE
À l'automne 2006, deux amis spéléologues du club G3S accompagnés du fils de l'un
deux, Mykolas âgé de trois ans, dégagèrent sur un coteau de la région du Bugue,
un trou de blaireau d'où sortait un bon courant d'air à 12°, l'indice d'une belle
cavité.
De fait, quelques coups de pioche plus tard, ils parvinrent à se faufiler pour franchir
une étroite chatière et se retrouvèrent nez à nez avec une douzaine de squelettes
en partie enfouis sous la litière des blaireaux et l'argile patiemment remonté en
surface par les lombrics. Il s'avéra qu'ils avaient eu le temps de le faire. Sitôt
avertis et dépêchés sur place, un comité scientifique pluridisciplinaire fit des
prélèvements en vue de datations. Résultat : nos ancêtres reposaient dans ce
lieu sous terre depuis environ 5000 ans.
Grâce à leur prospection, Eric Castang, Jean-Michel Degeix et son fils Mykolas avaient
découvert rien moins qu'une grotte sépulcrale du Néolithique moyen, un vrai bonheur
pour la recherche qui manque cruellement de données sur cette période de notre histoire.
DES FOUILLES EXEMPLAIRES À LA GROTTE MYKOLAS
Depuis sa découverte en 2006, la grotte Mykolas fait donc l'objet d'un
programme
de fouilles des plus rigoureux, mené par Antoine Chancerel, conservateur au Musée
National de Préhistoire et néolithicien, et Patrice Courtaud, anthropologue au Laboratoire
des Populations du Passé de Bordeaux. Ces fouilles sont financées par la Direction
Régionale des Affaires Culturelles d'Aquitaine, Service Régional de l'Archéologie,
et par le Conseil Général de la Dordogne, Service Archéologique Départemental. Elles
bénéficient depuis le début d'une collaboration exemplaire entre les inventeurs
et les chercheurs. Cette année, c'est grâce à l'intervention à la pelle mécanique
menée de main de maître par Jean-Michel Degeix, mission extrêmement délicate compte-tenu
de la pente brutale du coteau, que la souche qui obstruait l'entrée a pu être déracinée,
ce qui a permis de grandes avancées quant à la compréhension de l'usage de ce site.
En effet, après avoir durant les trois premières campagnes de fouilles dégagé d'une
part les sédiments à l'extérieur et d'autre part la litière de blaireaux qui recouvrait
les ossements des douze individus déposés à l'intérieur, les chercheurs ont pu cette
année mettre en évidence deux découvertes très importantes en amont et dans le cœur
du sépulcre.
OÙ POSAIENT-ILS LEURS PIEDS ET QUE FAISAIENT-ILS AVEC LEURS MAINS ?
Dehors, le sol sur lequel ont marché nos ancêtres du Néolithique a pu être identifié
et immédiatement daté grâce à des tessons de céramiques typiques de l'époque et
à des perles faites de coquillages percés (des dentales) identiques à celles déjà
trouvées à l'intérieur.
Un collier de perles a-t-il été cassé avant que ne soit déposé défunt et offrandes
dans la cavité ? Ce genre de trouvailles suggère aussitôt des scènes de vie dans
l'esprit des chercheurs qui mènent l'enquête.
À l'intérieur le scénario se précise. Patrice Courtaud a mis en évidence un aménagement
resté en place depuis lors : deux cercles de pierres et au centre du plus petit,
bien calé sur différents ossements humains et des tessons de céramique, un crâne
qui
trône clairement.
Il s'agit d'une pratique qui a eu lieu après la décomposition de l'individu, donc
d'un geste effectué lors d'un retour dans la grotte sépulcrale. Il y a également
un dallage au sol fait de pierres plates qui se confirme de part et d'autre de la
cavité et qui devrait être totalement dégagé lors des fouilles qui reprendront l'année
prochaine.
Sophie Cattoire
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