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CHASSEURS, CUEILLEURS ET SÉDUCTEURS
Les hommes du passé se sont-ils aimés ?

C'est devenu une tradition dans le village de La Chapelle-aux-Saints en Corrèze. Chaque 3 août, date anniversaire de la découverte d'un très vieux monsieur dans la petite grotte locale nommée la Bouffia Bonneval, une fête de la Préhistoire est organisée en son honneur. Et il le mérite. Cet homme découvert en 1908 par des curés à la pioche, longtemps considéré comme quelque peu à la masse, fait depuis l'objet d'une enquête scientifique menée par des chercheurs à la pointe. Une enquête qui a permis de comprendre qu'il se tenait debout et qu'il parlait, le faisant sortir de la peau de gorille dont on l'avait un peu vite affublé. Le coup d'envoi de ces célébrations fut donné en août 2008 avec son retour, certes pas en chair, mais bien en os. En effet, à titre tout-à-fait exceptionnel, son squelette, l'un des fossiles humains les plus complets de la population néandertalienne, avait eut la permission de quitter le musée de l'Homme à Paris pour venir investir l'église du village, ce qui avait ému les villageois et les visiteurs au plus haut point. Pour l'édition 2010 de sa Fête de la Préhistoire, la C.A.S.A.P. (Chapelle-aux-Saints Archéologie et Patrimoine) a eu la bonne idée de mettre en scène la vie quotidienne de cet homme de Néandertal qui nous fascine tant. On l'a vu faire du feu et tailler ses outils pendant que Cro-Magnon, son potentiel voisin dans cette région du monde pendant plusieurs milliers d'années, s'adonnait à la chasse au tir au propulseur dans le vallon. Grâce à la présence d'écrivains et de conférenciers, cette fête a aussi été l'occasion de revenir sur l'hypothèse du métissage entre Néandertal et Cro-Magnon. Une piste qui commence à s'étoffer grâce aux différents résultats obtenus au Max Planck Institute de Leipzig par l'équipe de Svante Pääbo, biologiste suédois spécialisé dans la paléogénétique. Le tout s'est conclu par un banquet préhistorique avec cochon grillé sous la cendre et l'envie de refaire bien vite ce type de fête où la science se met à la portée de tous dans un climat d'échange on ne peut plus ouvert.



LA PRÉHISTOIRE, COMME SI VOUS Y ÉTIEZ !

Percussions sur silex et sifflements de sagaies, ponctués par les cris de fierté ou les jurons adéquats, La Chapelle-aux-Saints s’est offert, pour le cent-deuxième anniversaire de la découverte de son vieux Néandertalien, un concert de sonorités préhistoriques devenues rares dans nos contrées. Au programme des festivités figuraient en effet le championnat européen de tir au propulseur préhistorique et une manche du championnat mondial de tir de précision organisé par la World Atlatl Association basée aux Etats-Unis. Nicolas Audebert nous fit découvrir la façon de faire du feu sans allumettes et fabriquer des outils tranchants sans métal, juste à partir d'un bloc de silex taillé de main de maître. Parmi les invités de marque au banquet préhistorique, nous eûmes le bonheur de faire connaissance avec trois amis qui œuvrent ensemble pour une vision incarnée et humaine de la préhistoire. Marc Klapczynski, auteur du roman "Ao, l’Homme Ancien", Claire Troilo, auteure de l'album "AO, petit Néandertal" et Emmanuel Roudier qui l’a illustré, avec ce talent et cette sensibilité qu'il développe depuis déjà de nombreuses années, aussi bien pour les bandes dessinées dont il est l'auteur que pour les nombreuses parutions scientifiques pour lesquelles il a été sollicité.

L'INTUITION ROMANESQUE DU MÉTISSAGE

Là-haut sur la colline d’où nos lointains prédécesseurs suivaient la transhumance des sauvages troupeaux, Marc Klapczynski et Claire Troilo nous ont raconté l'étrange façon dont le personnage d'Ao a frappé au même moment à la porte de plusieurs imaginaires, comme pour les rassembler. Alors qu’Emmanuel Roudier donnait vie à la rousse néandertalienne "Vo’hounâ" détentrice des pouvoirs d’Ao, la déesse-mère, Marc écrivait sa trilogie autour du personnage d’Ao, le dernier Néandertal. Sans le savoir, ils avaient donné le même nom à une idée qu’ils défendaient chacun de leur côté et qu’ils portent dorénavant ensemble. Au-delà des clivages, des hiérarchies érigées entre les différents squelettes retrouvés et les industries lithiques qui leur sont associées, Marc et Emmanuel font sans bruit tomber les barrières car ils ressentent l’humanité comme un ensemble, certes infiniment varié, mais doté pour chaque individu de l’empathie nécessaire pour communiquer et échanger avec autrui. Tous deux ont depuis longtemps l’intuition que Néandertal et Cro-Magnon se sont rencontrés et se sont croisés, au sens accouplés. Ce métissage est la trame de leurs œuvres respectives, l’intuition commune qui a fondé leur amitié. Une idée qui commence à faire son chemin aussi dans le monde scientifique.

QUE DIT LA SCIENCE SUR CE MÉTISSAGE ?

Le Max Planck Institut de Leipzig a publié comme chacun sait en mai 2010 des données étayant l’hypothèse du croisement entre Néandertal et Cro-Magnon. Cela fit grand bruit et les conclusions furent parfois hâtives. Alors tâchons de faire le point avec quelques mois de recul sur cette question, notamment grâce à Bruno Maureille, anthropologue des Hommes du Passé, qui donnait avec Alain Turq, préhistorien spécialiste de l'industrie lithique, le samedi 7 mai 2011 au Pôle International de la Préhistoire des Eyzies une conférence sur le thème : Néandertal, nouveaux résultats sur un vieux fossile.

Bruno Maureille revient sur ces résultats et sur leur portée non négligeable :

« On est en train de revoir certains des plus grands paradigmes qui existaient dans l'histoire de notre discipline. Nous sommes en train de comprendre que pendant presque cent ans, on s'est peut-être trompé sur la position chronologique des principales sépultures néandertaliennes du Sud Ouest de la France. Et qui plus, on est en train de montrer qu'il y a différents gestes envers les défunts suivant les traditions culturelles, les conditions environnementales, les territoires. On commence à prendre la mesure de la diversité de la culture moustérienne. C'est un bouleversement tel qu'un certain nombre de nos amis anglo-saxons sont moins prompts que nous à accepter ce type de résultats, peut-être aussi en raison de la façon dont ils travaillent. Nous sommes très attachés aux données, ils sont beaucoup plus hypothético-déductifs que nous, ce n'est pas la même façon de faire de la Science. Et on va le retrouver avec l'interprétation des données sur la disparition des Néandertaliens.

Avant la découverte de l'Homme de Saint-Césaire, la vision de cette disparition était assez simple. Néandertal était l'artisan du Moustérien, les Hommes modernes arrivaient avec les premières industries du Paléolithique supérieur. Il y avait changement culturel et biologique. Le Paléolithique supérieur c'est tellement mieux que le Paléolithique moyen que les pauvres Néandertaliens ne pouvaient pas résister et étaient bien obligés de disparaître. Puis, fouilles de François Lévêque dans le fameux gisement de la Roche-à-Pierrot à Saint-Césaire, découverte de vestiges humains dans un niveau qui est censé livrer une industrie de transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur, à savoir le Châtelperronien, mais qui met en œuvre des modalités de production de supports lithiques de type Paléolithique supérieur. Découverte de ce squelette, donc, et manque de chance pour certains paléoanthropologues, on s'attendait à trouver un Homme moderne et non, on trouve un Néandertalien. Vrai bouleversement scientifique à nouveau ; l'annonce de cette découverte associée à sa datation a généré dans la très célèbre revue "Nature" une quantité d'articles absolument phénoménale et a réellement déclenché un débat qui reste toujours ardent.

LE MÉTISSAGE RESTE UNE HYPOTHÈSE À CONFIRMER

Avant, on avait un assez long listing de toutes les hypothèses qui pourraient expliquer la disparition des Néandertaliens, qui allait de leur évolution biologique en Hommes modernes, ça on n'y croit plus puisque le premiers hommes modernes ont près de 120 000 ans au Proche Orient voire peut-être plus en Afrique de l'Est, jusqu'au génocide en passant par un très faible métissage. Ça nous faisait tout un ensemble d'hypothèses qui pouvaient être considérées, tout étant plus ou moins débattues. On a alors pensé que la paléogénétique pourrait nous permettre de répondre différemment et définitivement à cette question. Pourquoi ? En raison même du support de la génétique, l'ADN. Nous sommes capables de compter ces bases : adénine, cytosine etc, capables de les compter une à une, et donc de les comparer et comme on sait que ces bases représentent le support de l'information génétique, si on était capable de mettre en évidence des différences très fortes à ce niveau-là entre les Néandertaliens et les Hommes modernes, on peut considérer que ces différences sont trop importantes pour considérer que Néandertaliens et Hommes modernes appartiennent à la même espèce Homo sapiens. En étudiant certains gènes, on pourrait enfin comprendre quelles étaient les causes de ces différences biologiques. Je vous l'accorde on parle bio, on ne parle pas de comportement à ce niveau-là.

Le premier article est publié en 1997, c'est tout récent. Il concerne donc la première étude de l'ADN d'un Homme de Néandertal, l'ADN qui n'est transmis que par les femmes, l'ADN mitochondrial, et on trouve les différences entre l'Homme de Néandertal et un échantillon de plusieurs milliers d'individus humains actuels tellement fortes que certains scientifiques concluent définitivement en 1997 : ça y est, c'est terminé, l'Homme de Néandertal est tombé de l'arbre de notre famille, c'est bien un pauvre cousin qui a disparu parce qu'il était biologiquement différent de nous. " L'Homme de Néandertal tombe de l'arbre " titre alors Libération en couverture.

Toute une série de travaux sont produits allant de plus en plus loin dans la compréhension de ces données génétiques, allant même jusqu'à l'analyse de certaines séquences de gènes. Gènes qui sont impliqués dans les capacités langagières, gènes qui sont impliqués dans la couleur de la peau, et tous ces résultats vont dans le même sens. La distance génétique entre les Néandertaliens et nous est telle que la séparation entre les deux lignées est forcément très ancienne, pratiquement 600 000 ans.
Les différences existantes entre eux et nous s'expliquent par cette évolution très ancienne des deux lignées l'une parallèlement à l'autre soit. Quant à l'existence de gènes identiques, elle s'explique par des phénomènes d'homologie (le même phénomène évolutif dans deux lignées différentes) entre la lignée néandertalienne et celle des Hommes modernes, tout est clair.

Tout ça marchait exceptionnellement bien jusqu'en 2010 où la même équipe que celle qui a publié l'article de 1997 discute les résultats portant sur le premier génome nucléaire néandertalien. Il a été réalisé sur des données génétiques provenant des restes de trois individus différents du gisement de Vindija en Croatie. À partir de l'analyse de 4 milliards de ces nucléotides, ils remarquent qu'une partie de la variabilité génétique de trois individus actuels européens et asiatiques, relativement à deux individus originaires d'Afrique, s'expliquerait mieux si on suppose des échanges génétiques entre des populations non modernes comme les Néandertaliens et les lignées ancestrales des Européens et des Asiatiques.

Actuellement cette hypothèse est discutée par la communauté scientifique d’autant que l’équipe du Max Plank propose un territoire, le Proche-Orient et une date, il y a près de 80 000 ans, où et à laquelle une petite partie d'une population néandertalienne aurait échangé quelques gènes avec les hommes modernes.

En résumé, voici le scénario que certains imaginent. La population néandertalienne évolue génétiquement depuis 450 000 ans puis elle va disparaître vers -30 000 ans. Et puis, on a des populations d'Hommes modernes. Elles ont évolué aussi et il y a 40 ou plutôt 30 000 ans, ces Hommes modernes vont se retrouver partout sur l’ancien monde et l’histoire des différentes lignées d’Hommes modernes colonisant différents territoires pourrait expliquer une partie de la diversité actuelle du peuplement humain. Mais, en fonction des données que nous avons, on peut aussi supposer que, sur la base d'un échange génétique, une partie de la variabilité génétique des Hommes actuels chinois, mélanésiens et européens, relativement à celle des Africains, s'explique mieux par un échange génétique avec des populations non modernes (comme les Néandertaliens) plutôt que par la compréhension de la complexité de l’histoire génétique des différentes lignées d’Hommes actuels.

Donc, il me semble qu'il peut y avoir une autre hypothèse. Cette variabilité que nous avons chez les Hommes actuels s'explique par la totale méconnaissance que nous avons de notre propre histoire, l'histoire évolutive des Hommes anatomiquement modernes depuis leur origine jusqu’au temps présent. Et je vais illustrer cette idée par un résultat qui a été publié la même année que celui de l'ADN nucléaire de l'Homme de Néandertal et qui est passé totalement inaperçu.

D'autres scientifiques se sont intéressés aux génomes nucléaires de cinq individus d'Afrique du Sud. Monseigneur Tutu qui est un Batou et quatre Bushmen du désert du Kalahari. Au final, ils ont trouvé plus de diversité génétique entre les Bushmen du désert de Kalahari deux à deux qu'entre les populations européenne et asiatique. Ce qui veut dire que la variabilité entre les populations au niveau génétique est tellement vaste et complexe à comprendre qu'on ne peut pas se baser sur ces uniques résultats pour considérer qu'une partie de notre variabilité s'explique par des échanges génétiques ente les Néandertaliens et les Hommes modernes.

C'est toute cette histoire qu'il faut essayer de comprendre maintenant, celle de notre évolution, pour comprendre qui nous sommes au niveau biologique. Toutefois il faut bien prendre la mesure de l'extraordinaire valeur des résultats obtenus par nos collègues de l'équipe de Svante Pääbo sur l'ADN nucléaire de l'Homme de Néandertal. C'est un résultat scientifique absolument inouï, incroyable. On pensait que c'était impossible d'obtenir ce type de résultats scientifiques en 1997, quand on a eu la première partie de la séquence génétique mitochondriale des Néandertaliens. C'est un exploit technique extraordinaire et c'est un véritable virage dans l'histoire de notre connaissance de la biologie humaine.

Avant cette date, 2010, quand on voulait comprendre l'homme actuel, on le comparait aux grands singes. C'était sur la base de ce patrimoine génétique qu'on était capable de faire des comparaisons. Maintenant, on peut le faire avec notre plus proche cousin préhistorique. Même si je ne suis naturellement pas compétent pour faire une telle évaluation, ce résultat scientifique est pour moi nobélisable.

Pour autant, il faudra attendre d'autres analyses, d'autres individus, d'autres séquences de génomes nucléaires, d'autres reconstitutions de ce génome nucléaire d'autres Néandertaliens, des fossiles du Paléolithique supérieur, des fossiles du mésolithique, provenant les uns et les autres de différents territoires du monde et, croyez-moi, c'est très très difficile à obtenir.

Nous paléoanthropologues, nous prélevons sur le terrain des ossements humains que nous confions à nos collègues paléogénéticiens et, pour l'instant, on a beaucoup plus d'échecs, c'est-à-dire qu'on n'est pas capable de retrouver l'ADN ancien, que de succès qui nous permettraient de retrouver et de reconstituer un jour le génome nucléaire de ces individus. Ce sont là pour l'heure les limites de la paléogénétique humaine. »

UNE ÉTONNANTE DÉCOUVERTE EN OUZBÉKISTAN

De retour de Sibérie et de passage à La Chapelle-aux-Saints, à l'occasion de cette Fête de la Préhistoire, Marylène Patou Mathis, directeur de recherche au CNRS et responsable de l'unité d'Archéozoologie du Laboratoire de Préhistoire du Muséum National d'Histoire Naturelle, nous a accordé un entretien au cours duquel elle évoque les dernières découvertes faites en Ouzbékistan. Lors des fouilles archéologiques menées sur le site d’Obi-Rakmat, certains vestiges des deux humanités seraient apparus entremêlés : une calotte crânienne plutôt anatomiquement moderne et des dents plutôt archaïques et proche de celles des Néandertaliens, associées à un outillage difficile à interpréter, supposé de transition entre le Moustérien et le Paléolithique supérieur par certains et le tout remontant à environ 70 000 ans. En clair, si l’on considère que Néandertal, issu d’Homo Erectus, fait son apparition en Europe de l’Ouest il y a plus de 300 000 ans, et si l’on considère qu’Homo sapiens l’y rejoint il y a 40 000 ans, au vu de ces récentes découvertes, la rencontre aurait pu se faire ailleurs, en l’occurrence en Asie centrale, et avant, c’est-à-dire il y a plutôt 70 000 ans.

UNE TROISIÈME LIGNÉE HUMAINE DÉCOUVERTE DANS L’ALTAÏ ?

Bruno Maureille est très prudent quant à cette interprétation. En effet, d’autres scientifiques considèrent que la morphologie du crâne du spécimen d’Obi-Rakmat est plus primitive que moderne et que l’on ne peut considérer qu’elle traduirait le mélange des deux lignées (néandertalienne et moderne). Ici encore, ce qui serait démontré, c’est que la variabilité de l’histoire très ancienne du peuplement de l’Eurasie est beaucoup plus complexe que ce que l’on croyait. À nouveau un paradigme tombe. Celui de la seule existence en Eurasie autour de -50 à 30 000 ans de deux lignées : celle des Néandertaliens et celle des Hommes modernes. En effet, les résultats sur les données paléogénétiques d’une phalange de la main d’un fossile trouvé dans le gisement de Denisova (Altaï) démontrerait l’existence d’une troisième lignée humaine eurasiatique. Sur la base de l’ADN mitochondrial de ce fossile, de celle d’une quinzaine de Néandertaliens et des Hommes actuels (et d’un Homme moderne du Paléolithique supérieur de Russie) on suppose que le dernier ancêtre commun de la lignée ayant conduit à Denisova avec celle des Néandertalien et des Hommes modernes serait âgé de un million d’années. Ce chiffre est presque incroyable (et à nouveau il faut être prudent). L’étude du génome nucléaire de ce fossile de Denisova comparé à celui de cinq Hommes actuels démontrerait que cette lignée d’Altaï, presque inconnue paléoanthropologiquement (on a une phalange de la main détruite pour les analyses de paléogénétique et une troisième molaire), aurait contribué à 4 à 6% du génome des Mélanésiens. On le comprend, on doit être très prudent avec ces résultats et ne pas trop affirmer que nous avons compris notre histoire évolutive et celle des lignées d’Hommes fossiles non modernes.

COURAGE, FOUILLONS !

Toutes ces pistes de recherche doivent être poursuivies, en modifiant peut-être parfois notre regard. Comme l’explique Marylène Patou Mathis, si ce croisement a bien eu lieu entre Néandertal et Cro-Magnon, c’est peut-être qu’à l’époque, eux ne se sont pas vus comme deux espèces différentes. C’est nous qui avons érigé des différences entre les êtres. Notre classification des espèces issue du XIXe classification des espèces issue du XIXe siècle et de son idéologie qui place les Noirs sous les Blancs et les fossiles sous les vivants est sans nul doute à reconsidérer.

Ce qui est intéressant en préhistoire c'est qu’à chaque fois qu'on avance, les dates reculent, les étiquettes volent et les parcours tourbillonnent. Il faudra bien admettre que rien n’est linéaire, ni l’évolution des espèces, ni les déplacements des êtres vivants. La seule chose dont on puisse être à peu près certain c’est qu’on n’arrivera jamais à résumer 99,9% de notre histoire – la préhistoire – en un chemin unique menant des origines à notre "apogée". Alors, courage, fouillons !

Sophie Cattoire

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