SENTIR BATTRE LE CŒUR D'UN MUSÉE

Une expérience immersive dans les coulisses du Musée national de Préhistoire

Pauline Rolland, conservatrice du patrimoine, présente la restauration d'un humérus de mammouth méridional
Pauline Rolland, conservatrice du patrimoine, présente la restauration d'un humérus de mammouth méridional, mastodonte qui vivait en Europe avant les périodes glacières, il y a plus d'un million d'années, extirpé avec le plus grand soin de son moulage de plâtre par l'équipe de chercheurs et de conservateurs du Musée national de Préhistoire des Eyzies.

S'inscrivant résolument dans la thématique « les coulisses de l'archéologie » définie par l'INRAP pour l’édition 2021 des Journées européennes de l'Archéologie, le Musée national de Préhistoire a proposé aux visiteurs de venir sentir au plus près battre le cœur de leur Musée, au gré de deux parcours intimistes : l'un dans le dédale des vestiges du vieux Château des Eyzies, enchâssé par l'actuel Musée, et l'autre dans les réserves où seuls les scientifiques ont en principe le privilège d'entrer.

Des salles qui abritent au total 6,5 millions d'objets soigneusement préservés, et pour enrichir les collections présentées au Musée et pour nourrir la recherche scientifique dont les méthodes et technologies progressent sans arrêt. Ce que l'on connaît n'est rien comparé à ce que tous ces trésors archéologiques de pierre, d'os ou de métal ont encore à nous apprendre sur les périodes qui ont précédées l'Histoire, dont on situe le début avec l'écriture qui prend forme en Mésopotamie 3400 ans avant JC. C'est-à-dire hier, quand on se rappelle que les premiers grand singes qui commencent à se tenir régulièrement debout en zone tropicale ont opté pour cette façon de marcher il y a déjà dix millions d'années.

Pour ceux qui n’ont pu se joindre à ces visites exceptionnelles et en attendant qu’elles se reproduisent, voici le fil rouge tel qu’offert à la presse pour mieux connaître et apprécier la beauté du site et l’importance des missions qui y sont accomplies en secret.

Sophie CATTOIRE

C'est un château Renaissance qui a été édifié au XVIᵉ siècle, à flanc de falaise aux Eyzies de Tayac en Dordogne, sur ordre de Jean Guy de Beynac et Anne des Martres, son épouse.
Photos Vincent Lesbros - © FERRASSIE TV

C'est un château Renaissance qui a été édifié au XVIᵉ siècle, à flanc de falaise aux Eyzies de Tayac en Dordogne, sur ordre de Jean Guy de Beynac et Anne de Martres, son épouse.

En partie démantelé lors de la Révolution française et utilisé comme carrière de pierres dans la foulée, ce château conserve cependant certains éléments notoires d'une architecture d'inspiration féodale adoucie par l'art de vivre de la Renaissance.

En partie démantelé lors de la Révolution française et utilisé comme carrière de pierres dans la foulée, ce château conserve cependant certains éléments notoires d'une architecture d'inspiration féodale adoucie par l'art de vivre de la Renaissance.

Sa tour massive est flanquée de confortables fenêtres à meneaux, le tout se lovant harmonieusement dans le creux de la falaise.

Sa tour massive est flanquée de confortables fenêtres à meneaux, le tout se lovant harmonieusement dans le creux de la falaise.

Une poterne, c'est-à-dire une porte dérobée sous un porche voûté, permet d'accéder à la terrasse.

Une poterne, c'est-à-dire une porte dérobée sous un porche voûté, permet d'accéder à la terrasse.

Évocation des dispositifs défensifs du Moyen-âge, une échauguette en principe destinée aux guetteurs est ici décorative, pourvue d'une couronne d'oves encerclant sa base.

Évocation des dispositifs défensifs du Moyen-âge, une échauguette en principe destinée aux guetteurs est ici décorative, pourvue d'une couronne d'oves encerclant sa base.

Sous le Grand abri avaient été établies les écuries, offrant aux chevaux un espace protégé.

Sous le Grand abri avaient été établies les écuries, offrant aux chevaux un espace protégé.

Cette terrasse offre une vue imprenable sur la vallée, située à la confluence de la Vézère et de la Beune.

Cette terrasse offre une vue imprenable sur la vallée, située à la confluence de la Vézère et de la Beune.

Sur l'autre rive, on peut observer l'enfilade de forts troglodytiques qui eurent un rôle important lors de la guerre de cent ans : Roc de Tayac, Gorge d'enfer  et Laugerie.

Sur l'autre rive, on peut observer l'enfilade de forts troglodytiques qui eurent un rôle important lors de la guerre de cent ans : Roc de Tayac, Gorge d'enfer et Laugerie.

C'est grâce à l'ouvrage de Patrick Esclafer de la Rode « Le château des Eyzies et les seigneurs de Tayac » que Cécile Gizardin, guide conférencière au Musée, a pu compléter l'histoire récente de cette falaise, occupée depuis le Paléolithique.

C'est grâce à l'ouvrage de Patrick Esclafer de la Rode « Le château des Eyzies et les seigneurs de Tayac » que Cécile Gizardin, guide conférencière au Musée, a pu compléter l'histoire récente de cette falaise, occupée depuis le Paléolithique.

Lors de fouilles préventives précédant l'agrandissement du Musée dans les années 90, des  archéologues ont retrouvé ici des silex taillés par des hommes et  femmes de Néandertal, il y a plus de 50000 ans.

Lors de fouilles préventives précédant l'agrandissement du Musée dans les années 90, des archéologues ont retrouvé ici des silex taillés par des hommes et femmes de Néandertal, il y a plus de 50000 ans.

Derrière cette petite maison perchée, l'Abri casserole a livré des microlithes, c'est-à-dire de très petits outils taillés dans des lamelles de silex. Ils étaient fixés sur la pointe ou sur les côtés des projectiles utilisés par les chasseurs-cueilleurs il y a environ 23000 ans.

Derrière cette petite maison perchée, l'Abri casserole a livré des microlithes, c'est-à-dire de très petits outils taillés dans des lamelles de silex. Ils étaient fixés sur la pointe ou sur les côtés des projectiles utilisés par les chasseurs-cueilleurs il y a environ 23000 ans.

À l'intérieur de la forteresse, l'Abri du château où vécurent il y a 12000 ans des Magdaléniens est encore visible, enchâssant le monde préhistorique au cœur même de la bâtisse.

À l'intérieur de la forteresse, l'Abri du château où vécurent il y a 12000 ans des Magdaléniens est encore visible, enchâssant le monde préhistorique au cœur même de la bâtisse.

Les Magdaléniens sont réputés pour les nombreuses formes d'art qu'ils ont créées dans cette vallée, et notamment dans le site éponyme de La Madeleine qui a permis de les nommer. Ici-même fut retrouvée cette gravure sur os qui fut intitulée « invitation à la chasse » et qui est exposée au Musée.

Les Magdaléniens sont réputés pour les nombreuses formes d'art qu'ils ont créées dans cette vallée, et notamment dans le site éponyme de La Madeleine qui a permis de les nommer. Ici-même fut retrouvée cette gravure sur os qui fut intitulée « invitation à la chasse » et qui est exposée au Musée.

Pour conserver sur place la foison de pièces archéologiques découvertes au XIXᵉ siècle dans la vallée, Denis Peyrony, instituteur aux Eyzies, demande à l'État de se porter acquéreur des ruines du château pour y installer un dépôt à partir de 1913.

Pour conserver sur place la foison de pièces archéologiques découvertes au XIXᵉ siècle dans la vallée, Denis Peyrony, instituteur aux Eyzies, demande à l'État de se porter acquéreur des ruines du château pour y installer un dépôt à partir de 1913.

La qualité des collections et de leur présentation confère à ce haut lieu le titre de Musée national de Préhistoire en 1972.

La qualité des collections et de leur présentation confère à ce haut lieu le titre de Musée national de Préhistoire en 1972.

Chargé d'imaginer un nouvel agrandissement du musée à l'aube du XXIᵉ siècle, l'architecte Jean-Pierre Buffi décide de déployer les bâtiments vers la falaise qu'il faudra alors faire reculer.

Chargé d'imaginer un nouvel agrandissement du musée à l'aube du XXIᵉ siècle, l'architecte Jean-Pierre Buffi décide de déployer les bâtiments vers la falaise qu'il faudra alors faire reculer.

À cette occasion les espaces de conservation et de recherche sont eux aussi agrandis.

À cette occasion les espaces de conservation et de recherche sont eux aussi agrandis.

Le Musée dispose à ce jour de 6,5 millions d'objets qu'il faut régulièrement répertorier et au besoin restaurer pour qu'ils puissent être étudiés.

Le Musée dispose à ce jour de 6,5 millions d'objets qu'il faut régulièrement répertorier et au besoin restaurer pour qu'ils puissent être étudiés.

Ces vestiges, grâce à l'évolution fulgurante des méthodes d'investigations scientifiques, pourront un jour livrer quantité de nouvelles données sur la vie de nos ancêtres.

Ces vestiges, grâce à l'évolution fulgurante des méthodes d'investigations scientifiques, pourront un jour livrer quantité de nouvelles données sur la vie de nos ancêtres.

Ces perles vertes de variscite seront par exemple prochainement analysées au Louvre grâce à AGLAÉ (accélérateur Grand Louvre d'analyse élémentaire), accélérateur de particules dédié exclusivement aux œuvres d'art et aux biens patrimoniaux.

Ces perles vertes de variscite seront par exemple prochainement analysées au Louvre grâce à AGLAÉ (accélérateur Grand Louvre d'analyse élémentaire), accélérateur de particules dédié exclusivement aux œuvres d'art et aux biens patrimoniaux.

Ces perles révéleront à leur façon l'organisation de certains circuits commerciaux actifs au Néolithique.

Ces perles révéleront à leur façon l'organisation de certains circuits commerciaux actifs au Néolithique.

Pour faire progresser nos connaissances, la recherche archéologique mondiale prend ici régulièrement ses quartiers, en collaboration avec l'équipe de conservateurs et de chercheurs du Musée.

Pour faire progresser nos connaissances, la recherche archéologique mondiale prend ici régulièrement ses quartiers, en collaboration avec l'équipe de conservateurs et de chercheurs du Musée.

Dans le même temps, l'équipe du Musée complète régulièrement les 1200 pièces exposées et organise des expositions temporaires, reflet d'une science vivante toujours en progrès.

Dans le même temps, l'équipe du Musée complète régulièrement les 1200 pièces exposées et organise des expositions temporaires, reflet d'une science vivante toujours en progrès.

C'est pour permettre au public de comprendre cet immense travail scientifique que le Musée national de Préhistoire ouvre ponctuellement ses coulisses aux visiteurs.

C'est pour permettre au public de comprendre cet immense travail scientifique que le Musée national de Préhistoire ouvre ponctuellement ses coulisses aux visiteurs.

Sophie Cattoire
Journaliste grand reporter
FERRASSIE TV

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