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« LA CAPTURE » de Carole Laure : le pouvoir de dire non

Tout le monde a encore en tête son clip « Save the last dance for me » chorégraphié par Edouard Lock avec la belle Louise le Cavalier où elle dansait tant avec ses mains qu’avec son regard mutin… Carole Laure, la belle québécoise, la Solange du film de Bertrand Blier « Préparez vos mouchoirs » était au Buisson-de-Cadouin, ce samedi 14 juin, pour casser la croûte en compagnie du public venu très nombreux assister à la projection en avant première de son nouveau film « La Capture » qui remporta un vif succès.

L’univers mental de Carole Laure est une forêt où les petites filles n’ont plus peur du loup

Carole Laure a plusieurs vies, ce qui nous permet d’entrer au fil du temps de plus en plus profondément dans la force de son talent, jusque dans son origine et son originalité. Actrice, chanteuse, égérie du metteur en scène et compositeur canadien Lewis Furey, elle passe à présent derrière la caméra, bardée du très précieux savoir transmis par le grand cinéaste québécois Gilles Carle avec qui elle a beaucoup travaillé à ses débuts.
« Gilles Carle fut mon école de cinéma, lui m’a tout appris. Très tôt, je savais, l’économie de moyens possible du moment qu’on sait s’entourer. J’ai été très choyée en tant qu’actrice. J’ai chanté, j’ai élevé des enfants puis j’ai écrit, un premier, un deuxième puis un troisième film et j’y ai pris goût. »
L’écriture de Carole Laure est limpide, les dialogues justes, la construction du scénario solide, alternant les scènes de violence et celles de poésie, la tragédie et la douceur, les scènes fantasmagoriques, particulièrement réussies, se déroulant dans la forêt, cette forêt à portée de vue de toutes les banlieues québécoises.
« J’ai voulu que la beauté côtoie la laideur. Je dresse côte à côte le portrait d’une femme soumise, cassée : la mère interprétée par Pascale Buissières, et celui de Rose, la fille, interprétée par Catherine de Léan, une femme debout, une vraie héroïne au sens où elle va changer le destin de sa famille. »
Rose, toute son enfance, a vu sa mère battue, violée, humiliée par son mari. Elle a réussi à partir mais cette violence la hante et elle revient dans sa banlieue natale pour sauver sa mère et son jeune frère. Elle organise la « capture » de son père. Elle le séquestre et le ligote dans le but de le faire humainement progresser. Elle veut par la beauté de textes qu’elle lui lit, et celle des musiques qu’elle lui fait écouter, le sortir de son rôle de bourreau et lui donner l’occasion d’expliquer pourquoi il leur a fait tant de mal. Ce faisant, Rose s’épuise et se transforme bien plus que lui.
« Je ne suis pas folle comme toi, lui dit-elle, je suis disloquée. »
La mère ne la soutient pas et semble définitivement avilie par sa brute de mari. Alors se pose la question cruelle : peut-on faire le bonheur des gens malgré eux ? Peut-on changer un bourreau ? Peut-on rendre sa dignité à une victime enferrée dans son malheur ? Carole Laure ne donne pas de réponse. Chacun fera son chemin. Mais elle offre cette voie de la lutte, de la non-acceptation de la part de Rose, ce qui est déjà énorme face au non dit et à la peur qui étouffent toutes ces violences et qui abîment les enfants à jamais. Elle y apporte un souffle de révolte et de combativité salutaires, avec la fougue de ses beaux yeux noirs hérités de sa mère indienne, et le charme franc et radieux qui émane de tout sa belle personne.

LE CINÉMA LUX DU BUISSON-DE-CADOUIN : 200 PLACES ET 40 000 ENTRÉES PAR AN !

« Notre village de Gaulois flanqué d’une salle de cinéma de 200 places qui fait 40000 entrées par an pour 2000 habitants est extrêmement fier de vous accueillir ! » a dit en préambule Alain Bordes, l’un des organisateurs des Rencontres Buissonnières qui présentaient cette avant-première du nouveau film de Carole Laure dans le cadre du Printemps des Bastides et en partenariat avec le comité de jumelage Le Buisson-de-Cadouin / Sainte-Marcelline, ville du Québec située au Nord Est de Montréal. Hervé Debatisse, président du comité de jumelage, a quant à lui rendu hommage à l’actrice et réalisatrice québécoise en ces termes :
« Tu représentes le talent, la simplicité, la chaleur humaine et la beauté des immensités enneigées du Québec ! »
« Vive le cinéma, vive Carole Laure et vive le Québec libre » À la fin de la séance, le film et sa réalisatrice ont été largement applaudis.

Sophie Cattoire


La Capture présentée par Carole Laure au Buisson en avant-première « La capture » troisième long métrage écrit et réalisé par Carole Laure
avec dans les rôles principaux :
Catherine de Léan (Rose)
Pascale Buissières (la mère)
Laurent Lucas (le père)

Directeur de la photographie : Daniel JOBIN
Musique originale : Jeff Fisher
Coproduction Canada-France associant les Productions Equinoxes, les Productions Laure et le coproducteur français Jean-François Lepetit de Flach Film.

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