Un fameux fumet de jambon rôti, un garçon de café mal embouché à souhait – tout
exprès pour vous décoincer – un aviateur zélé plus enclin à la java qu’au décollage
immédiat, le Village du Bournat fait peau neuve dans une ambiance de théâtre de
rue grâce aux « Bouffons Volants » qui à partir de dorénavant mettent
le feu à la ruche.
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LE DOUX VERTIGE DE L’ABEILLE
On rappellera pour les distraits que le bornat est un mot occitan qui signifie "la
ruche". C’est le nom que porte l’association félibréenne de Périgueux, « Lo
Bornat dau Perigord », issue du mouvement des poètes occitans, les félibres,
tels qu’imaginés par l’auteur provençal Frédéric Mistral vers 1900. Le "Village
du Bournat" au Bugue est un parc à thème - la vie paysanne en Périgord il y a un
siècle - où l’on peut voir à l’œuvre les corps de métier d’autrefois. Or donc, la
nouveauté c’est précisément qu’il ne s’agira plus seulement de voir ces "villageois"
faire pour la parade les gestes de toujours mais bien d’entrer dans une communauté
qui aura réinventer son autonomie grâce aux recettes d’il y a cent ans. En outre,
la nouvelle équipe à la tête du Village du Bournat, la société « in situ »
fondée par Laurent Delbos et Laurent Bernat a le projet de nous faire vivre la Belle
Époque en nous la faisant savourer grâce aux mets rustiques et bio avant l’heure
préparés par le champion des banquets carolingiens et plus généralement des produits
du terroir simples et non barquettés, j’ai nommé Éric Boyard, le troisième mousquetaire
du trio de choc qui reprend les rennes du Bournat. Un restaurant 1900, au meilleur
sens du terme donc, dans un vrai village et non plus un décor, où lorsque le scieur
de long s’échinera, ce sera bel et bien pour construire une halle au cœur du village
et pas seulement pour faire fumer sa machine à vapeur. De même le forgeron et le
brasseur construisent ces temps-ci une brasserie où coulera à flot une de ces bonnes
bières artisanales un peu troubles mais garantie sans mal de tête. Car nous y voilà,
il y a dans les recettes d’autrefois pas mal de bon sens à redécouvrir, comme le
cochon élevé pour ainsi dire dans la famille ou les bouteilles de lait consignées.
Bref, il s’agira non plus de rêver l’époque mais de la vivre grandeur nature en
se souvenant de tous les belles utopies qu’elle véhiculait aussi : un monde
sans guerre, des voyages au centre de la Terre, le cheval vapeur pour nous conduire
vers les sommets. En prime, donc, le Théâtre du Vertige investit le Village du Bournat
pour nous faire tourner la tête tout en nous la remettant sur les épaules, et c’est
pas si facile qu’il y parait, tout ce printemps et cet été.
Sophie Cattoire
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