L'ORDINATEUR METTRA-T-IL DE L'ORDRE DANS LE MONDE ?
Savez-vous que le terme "ordinateur" est d'origine biblique ? Il se trouve dans
le Littré comme adjectif désignant « Dieu qui met de l'ordre dans le monde »
et a été proposé par le professeur de philologie Jacques Perret dans une lettre
datée du 16 avril 1955 en réponse à une demande d'IBM France dont les dirigeants
estimaient le mot "calculateur" (computer) bien trop restrictif en regard des possibilités
de ces machines. Ils avaient raison ! Les possibilités se décuplent à une vitesse
qui toujours s'accélère et chacun à besoin aujourd'hui pour vivre, travailler, rêver
et même parfois l'autre rencontrer, de sa ration quotidienne de gigas, toujours
plus élevée.
L'ordinateur nous donne accès à ce partage instantané avec la communauté des hommes
de toute la planète : l'accès à Internet, c'est-à-dire à cette encyclopédie
vivante, foisonnante et multimédia, sans cesse mise à jour par tout un chacun, pour
le pire mais aussi pour le meilleur, à condition de savoir trier.
Historiquement, c'était France Telecom, service public en situation de monopole,
qui nous raccordait progressivement à cette modernité. Avec la privatisation, achevée
en 2004, et l'émergence de la concurrence de nouveaux opérateurs de téléphonie,
pour poursuivre cette mission, encore fallait-il trouver de nouveaux investisseurs.
Convaincus qu'il s'agit là d'un véritable enjeu économique et social, les élus du
Conseil Général de la Dordogne ont alors pris le taureau par les cornes ou si vous
préférez, les gigas à bras le corps.
Comme l'explique Gérard Labrousse, maire du Bugue et conseiller général de la Dordogne,
spécifiquement en charge des technologies nouvelles.
« Tout comme l'électricité, l'eau et les routes, le débit Internet est constitutif
de l'aménagement du territoire. Il facilite la vie et permet à tous une ouverture
sur le monde. »
MONTER EN DÉBIT POUR PRÉPARER L'AVENIR
De 2004 à 2007, une première convention « Plan haut débit pour tous »
entre le Conseil Général et France Telecom permet d'équiper les 220 répartiteurs
téléphoniques de Dordogne en ADSL. Résultat, en 2008, près de 94 % des Périgordins
ont accès à un débit minimum de 512 Kbits/s.
Pour les autres, une phase de réflexion intense débute, afin de ne pas se tromper
de technologie. Comme le rappelle Bernard Cazeau président du Conseil Général de
la Dordogne :
« Dans un domaine où les progrès technologiques sont ultra rapides, il s'agissait
de ne pas se "jeter sur le morceau" mais bien de réfléchir au choix le plus pertinent
pour anticiper l'avenir. »
Et de fait, la technologie retenue est un tremplin pour la suite. Parmi les 92 centraux
haut débit zone d'ombre NRA-ZO, dix seront d'emblée raccordés aux centraux d'origine
en fibre optique et les autres seront prévus pour que soit opérée cette mutation
dès que possible. On les insère dans les réseaux en cuivre existants certes, mais
avec cette perspective clairement définie, la fibre optique étant la seule technologie
capable de transporter le très haut débit qui nous semblera parfaitement indispensable,
ne serait-ce que pour passer à la télévision numérique progressivement.
LES COLLECTIVITÉS SONT PROPRIÉTAIRES DES NOUVEAUX CENTRAUX
La compétence infrastructures numériques n'est pas une compétence obligatoire pour
les départements, mais bien un choix politique de solidarité. Cet engagement du
Conseil Général de la Dordogne, soutenu par l'Europe et la Région Aquitaine est
une façon d'assurer le maintien d'un service public équivalent pour tous pour éviter
que ne se creuse l'écart en la matière entre les villes et à les campagnes. Comme
l'a indiqué Michel Moyrand, maire de Périgueux et vice-président de la Région Aquitaine,
chargé de l'artisanat, du commerce et de développement des très petites entreprises :
« Cet engagement illustre la volonté de ne laisser aucun de nos territoires
sur le bord de la ligne numérique à haute vitesse. Notre choix de garder la maîtrise
patrimoniale des fourreaux téléphoniques utiles aux déploiements futurs conforte
notre rôle d'aménageur responsable. »
France Telecom, qui deviendra Orange en 2012, a donc été choisie pour installer
ces 92 centraux haut débit zone d'ombre NRA-ZO sur tout le territoire de la Dordogne
d'ici 2011. Pour autant il est donc clair que les équipements sont la propriété
des collectivités qui financent le projet auxquelles France Telecom devra verser
des redevances pour avoir le droit de les utiliser, tout comme les autres opérateurs
à des conditions transparentes, objectives et non-discriminatoires.
Pour mémoire les sommes investies pour ces 92 NRA-ZO se répartissent comme suit :
- 5 650 000 € du Conseil Général, soit 61,7 %
- 2 000 000 € de l'Union Européenne-Feder, soit 21,9 %
- 1 500 000 € de la Région Aquitaine, soit 16,4 %.
Le Syndicat Départemental d'Energies de la Dordogne (SDE 24) a par ailleurs
accepté d'accompagner la démarche du Conseil Général en prenant en charge le raccordement
électrique d'une dizaine de NRA-ZO.
Pour la suite, il faut compter que l'âge de la fibre optique supplantera l'âge du
cuivre en Périgord d'ici en gros une dizaine d'années.
Sophie Cattoire
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