This massive pink creature goes by the name of « Coquine »; she is the work of Leslie
Bigelman, an artist from New York who has recently settled in Monpazier - and who
is making sure things start livening up in the legendary bastide. With Tony Crosbie,
an Irish artist who firmly believes in freedom of expression, which he considers
to be the most precious possession on earth, she has founded the “Ouvrir l’Art Contemporain”
Association which has “installed” twenty or so playfully naughty sculptures - enchanted
sentries, so to speak, who will be guarding the mediaeval citadel up to the end
of August.
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Leslie Bigelman et Tony Crosbie, couple d’artistes organisateurs de l’exposition
collective « En plein air », avaient convié le 11 juillet le public à
rencontrer les artistes, à la faveur d’une ballade tout autour de la bastide de
Monpazier. Chaque artiste a parlé de son oeuvre, et naturellement, l’inverse s’est
produit aussi. Ces rapprochements entre créations et créateurs ont permis aux promeneurs
d’entrer de façon plus intime dans leurs différents imaginaires, grâce à un échange
simple et chaleureux.
Voici quelques propos capturés sur le vif, comme des papillons qu’il faut vite relâcher :
« Je suis mosaïste et j’ai choisi la calligraphie arabe pour la beauté, la
poésie et l’esthétique qu’elle suggère. Cette démarche artistique et spirituelle,
c’est ma façon d’avancer dans la vie. Je vis ma passion, c’est une véritable thérapie. »
Sylvie Hénot « Elévation ».
« J’ai représenté ici la famille telle que les gouvernements veulent qu’elle
soit : enchaînée par des besoins matérialistes créés de toute pièce par tout
le matraquage publicitaire de la télé, d’où le choix de cette couleur or qui évoque
le clinquant, l’inutile et ces chaînes qui symbolisent cet esclavagisme moderne.
Pour élever les enfants, il faut leur apprendre à aimer les gens plutôt que les
objets. »
Tony Crosbie « La Famille ».
« J’ai installé ce banc taillé dans la masse d’un superbe châtaignier pour
que l’on puisse s’asseoir et observer les œuvres en face. »
Philippe Claudy « Sofa ».
« La mère, je veux bien, mais le père y est aussi pour quelque chose. J’ai
sculpté cet homme qui porte son bébé en hommage à un ami disparu qui a beaucoup
souffert de la non reconnaissance de sa paternité. »
Maurice Bonnand « Paternité ».
« Je suis heureux de rendre hommage au petit patrimoine rural que constitue
ce lavoir grâce à ce personnage taillé dans la pierre de Paussac. »
Pierre Carcauzon « Le Témoin n° 180606 ».
« Cette Vénus représente les trois parties de la femme qui expriment ses rondeurs,
son côté charnel, sa fécondité : le bassin, le ventre et les seins. Elle est ici
près de la Fontaine d’Amour, un endroit prédestiné. »
Fabienne Lormeau « Vénus ».
« J’utilise des matériaux simples, fer à béton, vieille tôle, plexiglas, ici
pour représenter les échelles de l’existence : tordues, délicates, difficiles. Les
personnages essaient vaille que vaille de s’accrocher même si au bout, c’est l’impasse,
personne ne sait. Parfois en cours de route, ils arrivent à se rencontrer. »
Jean Vindras « Figures Libres ».
Depuis le début de ce voyage, nous suivons la belle Elsa, vêtue d’une jolie robe
violine et bottée de santiags noires. Elle fait le guide avec enthousiasme et bonne
humeur. Elle s’est associée au projet de Leslie et Tony et le porte avec fierté,
s’exprimant au besoin en l’absence d’un artiste :
« Ici Aurélien Moser, musicien, est intervenu le moins possible sur une poutre
de la maison qu’il restaure pour en dégager cette jeune femme gracile posée non
sans angoisse sur une balance afin de se peser. Cela dit beaucoup de chose sur les
femmes… certaines se reconnaîtront. »
Elsa Martin, photographe, au sujet de « Femme » d’Aurélien Moser.
Sur ce, une envolée en pleine science-fiction mâtinée d’une bonne dose d’humour
fut le plus sérieusement du monde déclamée :
« Cette pièce est issue des collections du Musée Intergalactique des Manipulations
Génétiques. Suite à la grande invasion virale du 24ième millénaire dont on se souvient
encore, cet organisme génétiquement modifié a été cultivé en champ d’équarrissage
pour résorber la viande impropre à la consommation. Comme vous pouvez le voir, il
s’agit d’un hybride entre un vautour et la dionée,
plante carnivore. »
Patricia Molins « Droséra ».
« Cette vache a demandé 300 heures de travail. Elle a été réalisée à l’occasion
d’une manifestation organisée par la Croix-Rouge à Bergerac en 2002 intitulée «
Vachement solidaire ». Chacun pouvait y déposer un message pour exprimer sa révolte
face à la misère. »
Jean-Pierre Tauzia « Vache d’Enfer ».
« J’ai façonné « Coquine » en m’inspirant de mon amie Valérie. »
« Ainsi me voici toute nue face à vous, ce que je découvre » sourit la
Valérie en question.
« Au départ je modèle une petite pièce puis elle est enregistrée en 3D, agrandie
et découpée par un robot dans du polystyrène. Ensuite je l’enduis de jesmonite et
de peinture. »
Leslie Bigelman « Coquine (Valérie) ».
« Je suis potier à Monpazier. « Touche pas à ma fleur » associant
des fleurs blanches et des fleurs noires, c’est bien sûr un clin d’œil que chacun
comprendra. »
Stéphane Miglierina « Touche pas à ma fleur ».
« J’ai choisi des motifs universels pour réunir sur cet objet les quatre éléments,
l’eau, la terre, le feu, l’air, et rendre hommage à ce qui est le plus fragile et
qu’il faut absolument protéger. »
Fred Soula « Totem des 4 éléments ».
Toutes ces œuvres et bien d’autres sont à découvrir tout autour de Monpazier, jusqu’au
31 août prochain.
Sophie Cattoire
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