UN ESPRIT PIONNIER DANS L’OUEST PÉRIGOURDIN
La GRA.SA.SA. (Granulés Sainte-Sabine) fabrique des granulés pour bestiaux à partir
de fourrage : luzerne, maïs ou ray-grass. Un processus de déshydratation et de compactage
qui met en œuvre beaucoup d’énergie. Fondée en 1969 par quatorze adhérents, tous
agriculteurs, la GRA.SA.SA comptait parmi ceux-ci des précurseurs dans le domaine
de la recherche d’alternatives énergétiques au tout pétrole. Dans les années 70,
Jean Mirgaudou, éleveur de veaux, eut l’idée d’inventer un four capable de fonctionner
non pas avec du fioul mais avec de la sciure de bois afin de produire ces granulés
à moindre coût. Le premier choc pétrolier, celui de 1973, était passé par là. Il
y parvint, avec l’aide de Jean-Marie Armand, son adjoint, et la GRA.SA.SA. commença
à fonctionner avec une énergie verte — la sciure de bois non traité, déchet des
scieries avoisinantes — bien avant l’heure.
Dans la foulée d’autres adhérents de la GRA.SA.SA. eurent l’idée de chauffer leurs
bâtiments agricoles et leurs habitations avec de la sciure de bois et, toujours
sous la houlette de Jean Mirgaudou, conçurent et fabriquèrent les toutes premières
chaudières à sciure de bois automatiques, le chargement étant assuré par une vis
sans fin. Poursuivant dans cet esprit pionnier, ils eurent ensuite l’idée d’utiliser
leur savoir faire en matière de granulés végétaux pour produire des granulés de
bois, compacts et plus faciles à transporter que la sciure trop volumineuse et volatile.
INVENTION DE LA CHAUDIERE POLY-COMBUSTIBLE
C’est Yvette Mirgaudou, la veuve de l’inventeur Jean Mirgaudou, décédé prématurément
en 1984, qui eut la gentillesse de nous accueillir et de nous raconter cette aventure
des agriculteurs inventeurs de la GRA.SA.SA., coopérative en face de laquelle elle
vit toujours. Elle nous a présenté la chaudière poly-combustible conçue de toute
pièce par son mari en 1979. Robuste et efficace, elle trône toujours dans la vaste
grange où il l’avait installée. Cette chaudière artisanale fut conçue tout à la
fois pour chauffer l’eau nécessaire à la préparation du lait des veaux – en poudre
- et pour chauffer la maison d’habitation. Elle fonctionna d’abord à la paille,
puis à la sciure et enfin aux granulés de bois.
Cette invention au cœur du Périgord Noir à la fin des années 70 était visionnaire
car aujourd’hui, avec la pénurie et l’augmentation inéluctable du prix du pétrole
et du gaz, toutes sortes d’alternatives en terme de combustibles sont étudiées.
Les fabricants de chaudière à bois automatiques ont ainsi mis sur le marché des
machines poly-combustibles, capables précisément de brûler de la paille, du bois
sous toutes ses formes – copeaux dits « plaquettes » obtenus par broyage ou granulés
– mais également des céréales telles que l’avoine et le son.
Avec la mode du granulé de bois, on observe en effet une tendance manifeste à la
hausse du cours. Il est donc essentiel d’établir des comparaisons avec les autres
combustibles renouvelables disponibles sur la marché et d’y penser avant de choisir
la chaudière qu’on installera chez soi.
CHAUFFAGE CENTRAL AU GRANULÉS DE BOIS
Aujourd’hui, alors que le pétrole se raréfie et que son prix augmente jour après
jour de façon vertigineuse, (cf. les publications de l'Observatoire de l'énergie en particulier
le prix des énergies) ces expériences menées par les agriculteurs de la
GRA.SA.SA révèlent leur génie visionnaire.
Pour le chauffage central des particuliers le granulé de bois se présente aujourd’hui
comme un combustible renouvelable et compétitif par rapport au prix du fioul domestique.
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Concrètement, pour une maison de 150 m2 consommant :
2000 l de fioul par an = 1400 €
il faut compter un équivalent de :
4,5 tonnes de granulés = 1125 €
En comptant un prix maximum de 250 € la tonne livrée.
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Ce qui correspond à une économie de 20%, sur la base d’une chaudière dont le rendement
permet l’équivalence de 1 l de fioul pour 2,25 kg de granulés de bois.
Naturellement, la GRA.SA.SA n’est pas seule sur ce marché. L’Allemagne, l’Autriche
et les pays scandinaves, confrontés à de rudes hivers et en avance en matière d’énergies
renouvelables ont développé des filières de granulés de bois, tout comme le massif
forestier des Vosges, en France, en quête de débouchés.
Avec à présent l’aide de l’Etat — 50% de
crédit d’impôts depuis 2006 sur les installations de chauffage à base d’énergie
renouvelable — les différents producteurs vont s’efforcer de capter un marché appelé
à se développer. La concurrence devrait progressivement faire baisser le prix de
la tonne de granulés de bois, tandis que le prix du baril de pétrole, lui, n’en
finira pas de grimper... jusqu'à épuisement des gisements. Ce qui creusera à terme
l’écart entre le prix de ces deux énergies au-delà des 20% ici calculés.
Sophie Cattoire
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